Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/275

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tribu assiniboine, qu’était-il devenu  ? Qu’avait-il fait durant le combat  ? Ce fameux Tchatka, ce Wah-kon-tangka, ce Mina-yougha, le héros au grand tambour enfin, avait pris la fuite monté sur son excellent coursier. Les Arickaras, dont les chevaux étaient plus frais, s’élancèrent à sa poursuite. En l’approchant, ils firent sur lui une décharge générale et tuèrent sa noble bête sous lui. Tchatka se relève sur-le-champ. La forêt est tout près  ; s’il peut l’atteindre, il lui reste une lueur d’espérance pour la conservation de sa vie. Il se dirige de ce côté  ; il court à toutes jambes  ; la peur semble lui prêter des ailes  ; tout vieux qu’il est, il gagne du terrain et atteint le but de sa course avant que les ennemis lancés à sa poursuite puissent l’atteindre. Quelques-uns de ses soldats, témoins de cette prodigieuse fugue, octroyèrent à Tchatka le nom de Tatokahnan ou cabri, l’animal le plus agile de nos plaines.

Tchatka rejoignit ses soldats dans la forêt. Trente seulement avaient échappé au casse-tête et au scalpel des Arickaras  ; la plupart étaient blessés, et quelques-uns mortellement. Voilà ce qui restait maintenant de cette bande si formidable de douze cents guerriers  ! Tchatka baissait la tête et osait à peine les regarder. Tout son peuple avait disparu. Deux de ses fils venaient de tomber dans ce dernier combat. Son tchant-cheêga-tangka, ou grand tambour, était tombé entre les mains des ennemis  ; son cheval favori avait été tué. Lui-