Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/322

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En 1769 ; s’avança dans cette terre sombre et sanglante le célèbre colonel Daniel Boone,[1]dont le nom fait supposer une famille belge émigrée en Amérique. Cet homme courageux établit le premier sa cabane solitaire au milieu de ces immenses forêts, n’ayant d’autre secours pour se défendre contre les attaques des sauvages que sa prévoyance, son sang-froid et sa bravoure. Ses aventures, qui le firent connaître par un voyage qu’il entreprit dans les districts peuplés des bords de l’Atlantique, attirèrent autour de lui de nombreuses familles venues du Maryland et de la Virginie. Elles formèrent deux colonies principales, à une distance de quinze milles l’une de l’autre, et devinrent ainsi le noyau de l’État florissant du Kentucky.

Pendant plusieurs années, jusqu’en 1797, les colons furent en butte à des attaques fréquentes de la part des Peaux-rouges, qui envahissaient leurs hameaux, brûlant et saccageant tout ce qu’ils rencontraient sur leur passage. Maintenant il ne reste presque plus de traces de ces superbes maîtres du désert : la figure du sauvage, son cri de guerre perçant et terrible, qui jadis jetait l’épouvante dans toutes les plaines et dans toutes les forêts, ne sont guère aujourd’hui plus connus au Kentucky que dans les pays d’Europe. Les sau-

  1. Son nom a été donné à une ville du Kentucky qu’on appelle Booneville ; et dans le Missouri il existe un comté appelé Boone County. (Note de la présente édition.)