Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/349

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s’empressa de proposer l’affaire au vieux Comanche. Celui-ci surpris rejeta la proposition avec sévérité et ne voulut plus en entendre parler. Il prit même ses mesures pour empêcher toute entrevue entre le jeune Delaware et sa fille adoptive. Kistalwa avait du caractère  ; il ne se laissa pas intimider facilement, et ce premier refus ne servit qu’à l’encourager à persister dans sa demande à tout risque. L’histoire de la jeune fille blanche avait vivement touché son cœur. Il voulait absolument la reprendre, l’arracher, s’il le fallait, des mains d’un des bourreaux du malheureux père et de l’infortunée mère de Marie. Il revint donc à la charge avec une telle détermination et avec des arguments si positifs, que le Comanche commença à réfléchir sur les conséquences d’un second refus et à craindre pour la sécurité de toute sa famille. L’affaire prit une nouvelle tournure : le fier sauvage prêta une oreille plus attentive au discours du jeune guerrier. Kistalwa s’en aperçut  ; il mit aussitôt à ses pieds son calumet et du tabac. Selon les usages indiens, si la partie adverse ne fait aucune attention au calumet, c’est un signe qu’elle rejette tout arrangement. Mais le Comanche, au grand contentement de son hôte, s’empressa d’allumer le calumet et l’offrit au Grand Esprit et à tous les manitous de son calendrier, comme une marque de son bon vouloir et de sa sincérité. Le calumet passa ensuite d’une bouche à l’autre : c’était la conclusion du traité. L’un promit sa