Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/355

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a fait souvent au départ de plusieurs autres missionnaires, le grand intérêt qu’il porte à nos chères missions américaines. Le jour de notre embarquement, il eut l’insigne amabilité de nous accompagner jusqu’au port. Un grand nombre de personnes et plusieurs de nos plus proches et chers parents étaient venus également sur le quai, pour nous faire les derniers adieux et nous souhaiter un heureux voyage.

On leva l’ancre entre neuf et dix heures du matin. Il faisait un temps magnifique. Le beau et grand steamer belge, le Léopold Ier, était plein de vie. Une multitude d’émigrants de l’Allemagne, de la Hollande, de la Suisse, des Belges, des Prussiens, des Français, etc., etc., s’y trouvaient casés, et s’occupaient d’une quantité de petits soins et de menus détails, pour se rendre la traversée agréable, où, comme disent les Anglais, confortable  ; les matelots, attentifs au commandement, étaient tous à leur poste.

Nous ne mîmes qu’un jour pour arriver à Southampton. Le bateau y resta jusqu’au lendemain pour recevoir des passagers anglais et irlandais. Nous étions alors plus de 620 personnes. Pendant toute cette journée, l’air résonna du chant des Allemands et des Hollandais, rassemblés sur le pont  ; plusieurs parties de danses s’exécutèrent au son de l’accordéon, du violon et de la guitare. Notre tillac ressemblait à un village flottant au temps d’une kermesse. Mais les