Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/366

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voyons que surtout le feu provoquait les sentiments de la plus profonde vénération parmi les Mexicains. C’est pourquoi cet élément divin présidait à la naissance et à presque toutes les actions de la vie de ces pauvres victimes de l’erreur. Au moment où l’enfant venait au monde, on allumait le feu dans la chambre de la mère et on l’y entretenait pendant quatre jours, sans en extraire la braise. On croyait que, si l’on séparait la braise, une taie apparaîtrait subitement sur l’œil du nouveau-né. Le quatrième jour, les anciens emportaient de la chambre l’enfant et le feu en même temps  ; puis ils faisaient passer quatre fois le feu autour de la tête de l’enfant, deux fois dans un sens et deux fois dans l’autre. On donnait ensuite au nouveau-né un nom qui était celui de l’animal ou de l’élément auquel le jour de la naissance était consacré, comme le caïman, le serpent, le chat-tigre, l’aigle, etc., ou l’eau, le feu, l’air, etc., etc.

Dans les divers sacrifices, il entrait presque toujours de soi-disant flambeaux et de l’encens.

Nous trouvons chez les Mexicains un récit mythologique qui laisse voir qu’un personnage, auparavant couvert de lèpre, obtint l’empire du siècle futur, pour avoir passé par l’épreuve du feu, et fut transformé en soleil, au grand désappointement d’autres personnages, également lépreux, que l’épreuve avait effrayés. Est-ce là la cause de leur respect pour le feu et la raison du pouvoir mystérieux qu’ils lui avaient attribué ?