Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/37

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la tribu, et après avoir donné une courte explication des bienfaits du sacrement que j’allais conférer, je leur parlai du bonheur qui était réservé pour toute l’éternité à un être en apparence si vil, et qui n’avait été jusqu’alors que l’objet de leur mépris ou au moins de leur pitié. Cette allocution fit sur mon nouvel auditoire une profonde impression, et fut suivie de nombreuses demandes pour obtenir la grâce d’appartenir au Grand-Esprit, comme mon pauvre Pascal (c’est le nom du petit bonhomme), qui est entouré maintenant du respect, je dirais presque de la vénération de toute sa tribu. Mais ne devant rester au milieu d’eux que peu de jours, je me contentai de baptiser un grand nombre de leurs enfants  ; aux autres je fis espérer que, plus tard, nous reviendrions les visiter, et que nous pourrions alors les instruire et leur accorder ainsi plus utilement la faveur qu’ils sollicitaient.

Il existe parmi les Indiens une coutume qui fatigue beaucoup l’étranger ou le missionnaire visitant un de leurs villages. Immédiatement après son arrivée, un grand nombre de festins se donnent en son honneur. La politesse sauvage exige qu’il accepte toutes les invitations. L’Indien prépare aussitôt tout ce qu’il a de meilleur et de plus délicat. Le chien gras, qui remplace ici le veau, est le mets le plus recherché  ; il est réservé pour les grandes occasions. Viennent ensuite les langues, les côtes de buffle, etc., etc., et une grande variété de fruits, de grains et de racines.