Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/47

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nation des Crees et à une tribu d’Assiniboins, qui, une soixantaine d’années auparavant, s’était détachée du corps principal de leur nation  ? Eh bien, sur cette vaste étendue de terrain, je ne rencontrai, dans un de mes voyages, que trois familles, savoir : un vieux Iroquois avec ses enfants et ses petits-enfants, au nombre de trente-sept  ; une famille de métis, composée de sept personnes  ; et un Sioux, avec sa femme et ses enfants. C’est que les Crees et les Assiniboins, jadis les habitants de ce désert, ont été forcés de suivre la trace du buffle, et commencent à empiéter sur le territoire des Pieds-Noirs. J’ai séjourné longtemps parmi les Têtes-Plates et les Kalispels  ; j’ai visité, à des époques différentes, les Koetenays, au nord, et les Soshonies ou Serpents, au sud. Leurs vastes territoires, qu’arrosent les branches principales de la Colombie supérieure et le Rio-Colorado occidental, étaient autrefois abondamment pourvus de toute espèce de gibier, qui leur fournissait le vêtement et la nourriture.

Mais aujourd’hui que le buffle a disparu de ces contrées, les pauvres Indiens se voient forcés d’aller passer une bonne partie de l’année à l’est des montagnes Rocheuses pour chercher leur unique moyen de subsistance. Souvent aussi, poursuivant leur proie, ils sont entraînés jusque dans l’intérieur du pays des Corbeaux et des Pieds-Noirs, et obligés de s’y frayer un chemin les armes à la main. Les Yanctons et les Santees, tribus siouses,