Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/90

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karas. Quelques coureurs y avaient annoncé l’arrivée prochaine de notre bateau et porté l’alarme en disant que des maladies contagieuses existaient à bord. Mais lorsque les habitants apprirent que tout le monde se portait bien, leur crainte disparut et ils accueillirent le bateau avec toutes les démonstrations usitées en pareille circonstance. Des cris de réjouissance partaient de deux mille bouches à la fois  ; les décharges de fusils et de canons faisaient solennellement retentir les plaines.

La vue de cette scène était belle et imposante : le fort est posté sur la hauteur, à près de cent pieds au-dessus du niveau du fleuve. Une longue rangée de sauvages, dans leurs plus riches accoutrements, le visage barbouillé de différentes couleurs, couvrait la rive.

Monté à cheval, j’avais devancé le bateau afin d’avoir le temps d’instruire les métis et les créoles et de baptiser leurs enfants. Je passai deux jours parmi eux. Beaucoup de sauvages, ayant appris mon arrivée au fort, se présentèrent pour me serrer la main et me souhaiter la bienvenue. Ils me prièrent avec ardeur d’accorder à leurs petits enfants la grâce du baptême que j’avais administré aux enfants métis. Je me rendis avec empressement à leurs désirs. Le nombre montait à près de deux cents. J’ai appris plus tard que le choléra a ravagé ce grand village des Arickaras et qu’un grand nombre d’enfants ont succombé à ce terrible