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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

par jalousie ; et dans ces cruelles luttes tout se trouve, si ce n’est des hommes dévoués à leur opinion, et se battant pour leur conscience. À qui s’intéresser ? dira-t-on. Au tableau de la vérité. Peut-être l’art exige-t-il que ce tableau soit modifié d’après l’effet théâtral ; mais c’est toujours une belle chose que l’histoire sur la scène.

Néanmoins Schiller a su créer des personnages faits pour exciter un intérêt romanesque. Il a peint Max. Piccolomini et Thécla comme des créatures célestes qui traversent tous les orages des passions politiques en conservant dans leur âme l’amour et la vérité. Thécla est la fille de Walstein ; Max., le fils du perfide ami qui le trahit. Les deux amants, malgré leurs pères, malgré le sort, malgré tout, excepté leurs cœurs, s’aiment, se cherchent et se retrouvent dans la vie et dans la mort. Ces deux êtres apparoissent au milieu des fureurs de l’ambition, comme des prédestinés ; ce sont de touchantes victimes que le ciel s’est choisies, et rien n’est beau comme le contraste du dévouement le plus pur avec les passions des hommes acharnés sur cette terre comme sur leur unique partage.