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DES UNIVERSITÉS ALLEMANDES

d’apprendre les autres, c’est-à-dire de concevoir tout ce qui les porte à penser et à sentir autrement que nous. Les mathématiques induisent à ne tenir compte que de ce qui est prouvé ; tandis que les vérités primitives, celles que le sentiment et le génie saisissent, ne sont pas susceptibles de démonstration.

Enfin les mathématiques, soumettant tout au calcul, inspirent trop de respect pour la force ; et cette énergie sublime, qui ne compte pour rien les obstacles et se plaît dans les sacrifices, s’accorde difficilement avec le genre de raison que développent les combinaisons algébriques. Il me semble donc que, pour l’avantage de la morale, aussi-bien que pour celui de l’esprit, il vaut mieux placer l’étude des mathématiques dans son temps, et comme une portion de l’instruction totale, mais non en faire la base de l’éducation, et par conséquent le principe déterminant du caractère et de l’âme.

Parmi les systèmes d’éducation, il en est aussi qui conseillent de commencer l’enseignement par les sciences naturelles ; elles ne sont dans l’enfance qu’un simple divertissement ; ce sont des hochets savants qui accoutument à s’amuser avec méthode et à étudier superficiellement. On s’est imaginé