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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/209

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DES INSTITUTIONS D’ÉDUCATION

de la vie, la vieillesse et l’enfance rapprochées par la voix de Dieu, qui parle également à l’une et à l’autre, tout cela fait mal, et bien mal : car dans nos fictions poétiques les pompes de la destinée soulagent un peu de la pitié que causent les revers ; mais l’on croit voir dans ces romans populaires une foible lampe éclairer une petite cabane, et la bonté de l’âme ressort au milieu de toutes les douleurs qui la mettent à l’épreuve.

L’art du dessin pouvant être considéré sous des rapports d’utilité, l’on peut dire que, parmi les arts d’agrément, le seul introduit dans l’école de Pestalozzi, c’est la musique, et il faut le louer encore de ce choix. Il y a tout un ordre de sentiments, je dirois même tout un ordre de vertus, qui appartiennent à la connoissance, ou du moins au goût de la musique ; et c’est une grande barbarie que de priver de telles impressions une portion nombreuse de la race humaine. Les anciens prétendoient que les nations avoient été civilisées par la musique, et cette allégorie a un sens très-profond ; car il faut toujours supposer que le lien de la société s’est formé par la sympathie ou par l’intérêt, et certes la première origine est plus noble que l’autre.

Pestalozzi n’est pas le seul dans la Suisse alle-