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DE L’ALLEMAGNE

chants leur fait volontiers du bien avec de l’argent : c’est toujours quelque chose, et nulle vertu n’est à dédaigner. Mais la masse considérable des aumônes particulières n’est point sagement dirigée dans la plupart des pays, et l’un des services les plus éminents que le baron de Voght et ses excellents compatriotes aient rendus à l’humanité, c’est de montrer que, sans nouveaux sacrifices, sans que l’état intervînt, la bienfaisance particulière suffisoit au soulagement du malheur. Ce qui s’opère par les individus convient singulièrement à l’Allemagne, où chaque chose, prise séparément, vaut mieux que l’ensemble.

Les entreprises charitables doivent prospérer dans la ville de Hambourg ; il y a tant de moralité parmi ses habitants, que pendant long-temps on y a payé les impôts dans une espèce de tronc, sans que jamais personne surveillât ce qu’on y portoit : ces impôts devoient être proportionnés à la fortune de chacun, et, calcul fait, ils ont toujours été scrupuleusement acquittés Ne croit-on pas raconter un trait de l’âge d’or, si toutefois dans l’âge d’or il y avoit des richesses privées et des impôts publics ? On ne sauroit assez admirer combien, sous le rapport de l’enseignement comme sous celui de l’administration, la