Aller au contenu

Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iV
PRÉFACE

reux écrit ne pût s’échapper. Un commissaire de police fut chargé de surveiller cette expédition, dans laquelle le général Savary obtint aisément la victoire ; et ce pauvre commissaire est, dit-on, mort des fatigues qu’il a éprouvées en s’assurant avec trop de détail de la destruction d’un si grand nombre de volumes, ou plutôt de leur transformation en un carton parfaitement blanc sur lequel aucune trace de la raison humaine n’est restée ; la valeur intrinsèque de ce carton estimée a vingt louis est le seul dédommagement que le général ministre ait offert au libraire.

Au moment où l’on anéantissoit mon livre à Paris, je reçus a la campagne l’ordre de livrer la copie sur laquelle on l’avoit imprimé, et de quitter la France dans les vingt-quatre heures. Je ne connois guère que les conscrits à qui vingt-quatre heures suffisent pour se mettre en voyage ; j’écrivis donc au ministre de la police qu’il me falloit huit