Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/255

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redoutable carrière est parcourue, et tu m’as pardonné mes pas chancelants.

Reconnoissance, sentiment éternel, brûlant, exalté, fais retentir les accords de ma harpe ; hâte-toi ; mon cœur est inondé de joie, et je verse des pleurs de ravissement.

Je ne demande aucune récompense ; n’ai-je pas déjà goûté les plaisirs des anges, puisque j’ai chanté mon Dieu ? L’émotion pénétra mon âme jusque dans ses profondeurs, et ce qu’il y a de plus intime en mon être fut ébranlé.

Le ciel et la terre disparurent à mes regards ; mais bientôt l’orage se calma : le souffle de ma vie ressembloit à l’air pur et serein d’un jour de printemps.

Ah ! que je suis récompensé ! n’ai-je pas vu couler les larmes des chrétiens ? et dans un autre monde peut-être m’accueilleront-ils encore avec ces célestes larmes !

J’ai senti aussi les joies humaines ; mon cœur, je voudrois en vain te le cacher, mon cœur fut animé par l’ambition de la gloire : dans ma jeunesse, il battit pour elle ; maintenant, il bat encore, mais d’un mouvement plus contenu.

Ton apôtre n’a-t-il pas dit aux fidèles : Que