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DU STYLE ET DE VERSIFICATION

CHAPITRE IX.

Du style et de la versification dans la langue
allemande
.


En apprenant la prosodie d’une langue, on entre plus intimement dans l’esprit de la nation qui la parle que par quelque genre d’étude que ce puisse être. De là vient qu’il est amusant de prononcer des mots étrangers : on s’écoute comme si c’étoit un autre qui parlât ; mais il n’y a rien de si délicat, de si difficile à saisir que l’accent : on apprend mille fois plus aisément les airs de musique les plus compliqués que la prononciation d’une seule syllabe. Une longue suite d’années, ou les premières impressions de l’enfance, peuvent seules rendre capable d’imiter cette prononciation, qui appartient à ce qu’il y a de plus subtil et de plus indéfinissable dans l’imagination et dans le caractère national.