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DES POÈMES ALLEMANDS

de la victoire de Cannes, je t’ai vue, les cheveux épars, l’œil en feu, les mains sanglantes, apparoître au milieu des harpes de Walhalla ; en vain le fils de Drusus, pour effacer tes traces, vouloit cacher les ossements blanchis des vaincus dans la vallée de la mort. Nous ne l’avons pas souffert, nous avons renversé leurs tombeaux, afin que leurs restes épars servissent de témoignage à ce grand jour ; à la fête du printemps, d’âge en âge, ils entendront les cris de joie des vainqueurs.

Il vouloit, notre héros, donner encore des compagnons de mort à Varus ; déjà, sans la lenteur jalouse des princes, Cæcina rejoignoit son chef.

Une pensée plus noble encore rouloit dans l’âme ardente d’Hermann : à minuit, près de l’autel du dieu Thor[1], au milieu des sacrifices, il se dit en secret : — Je le ferai. —

Ce dessein le poursuit jusque dans vos jeux, quand la jeunesse guerrière forme des danses, franchit les épées nues, anime les plaisirs par les dangers.

  1. Le dieu de la guerre.