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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

gination et à la sensibilité ; car dans ses poésies il n’y a pas beaucoup de ce que nous appelons de l’esprit ; le genre lyrique ne le comporte pas. Dans l’ode, sur le rossignol, le poète allemand a su rajeunir un sujet bien usé, en prêtant à l’oiseau des sentiments si doux et si vifs pour la nature et pour l’homme, qu’il semble un médiateur ailé qui porte de l’une à l’autre des tributs de louange et d’amour. Une ode sur le vin du Rhin est très-originale : les rives du Rhin sont pour les Allemands une image vraiment nationale ; ils n’ont rien de plus beau dans toute leur contrée ; les pampres croissent dans les mêmes lieux où tant d’actions guerrières se sont passées, et le vin de cent années, contemporain de jours plus glorieux, semble recéler encore la généreuse chaleur des temps passés.

Non-seulement Klopstock a tiré du christianisme les plus grandes beautés de ses ouvrages religieux ; mais comme il vouloit que la littérature de son pays fût tout-à-fait indépendante de celle des anciens, il a tâché de donner à la poésie allemande une mythologie toute nouvelle empruntée des Scandinaves. Quelquefois il l’emploie d’une manière trop savante ; mais quelquefois aussi il en a tiré un parti très-heureux, et son imagination