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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/36

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DE L’ALLEMAGNE

maniement des affaires de ce monde. Des institutions sociales, fondées sur la religion païenne, ont précédé chez elles l’établissement du christianisme ; et quand les peuples du nord sont venus les conquérir, ces peuples ont adopté, à beaucoup d’égards, les mœurs du pays dont ils étoient les vainqueurs.

Ces observations doivent sans doute être modifiées d’après les climats, les gouvernements, et les faits de chaque histoire. La puissance ecclésiastique a laissé des traces ineffaçables en Italie. Les longues guerres avec les Arabes ont fortifié les habitudes militaires et l’esprit entreprenant des Espagnols ; mais en général cette partie de l’Europe, dont les langues dérivent du latin, et qui a été initiée de bonne heure dans la politique de Rome, porte le caractère d’une vieille civilisation qui dans l’origine étoit païenne. On y trouve moins de penchant pour les idées abstraites que dans les nations germaniques ; on s’y entend mieux aux plaisirs et aux intérêts terrestres ; et ces peuples, comme leurs instituteurs, les Romains, savent seuls pratiquer l’art de la domination.

Les nations germaniques ont presque toujours résisté au joug des Romains ; elles ont été civi-