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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

La hardiesse de Tell est brillamment signalée au premier acte de la pièce. Un malheureux proscrit, que l’un des tyrans subalternes de la Suisse a dévoué à la mort, veut se sauver de l’autre côté du rivage, où il peut trouver un asile. L’orage est si violent qu’aucun batelier n’ose se risquer à traverser le lac pour le conduire. Tell voit sa détresse, se hasarde avec lui sur les flots, et le fait heureusement aborder à terre. Tell est étranger à la conjuration que l’insolence de Gessler fait naître. Stauffacher, Walther Fürst et Arnold de Melchtal préparent la révolte. Tell en est le héros, mais non pas l’auteur ; il ne pense point à la politique, il ne songe à la tyrannie que quand elle trouble sa vie paisible ; il la repousse de son bras quand il éprouve son atteinte ; il la juge, il la condamne à son propre tribunal ; mais il ne conspire pas.

Arnold de Melchtal, l’un des conjurés, s’est retiré chez Walther ; il a été obligé de quitter son père pour échapper aux satellites de Gessler ; il s’inquiète de l’avoir laissé seul ; il demande avec anxiété de ses nouvelles, quand tout à coup il apprend que, pour punir le vieillard de ce que son fils s’est soustrait au décret lancé contre