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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

Schiller imagina de mettre sur la scène une circonstance remarquable de la guerre de trente ans, de cette guerre civile et religieuse qui a fixé pour plus d’un siècle en Allemagne l’équilibre des deux partis protestans et catholiques. La nation allemande est tellement divisée, qu’on ne sait jamais si les exploits d’une moitié de cette nation sont un malheur ou une gloire pour l’autre ; néanmoins le Walstein de Schiller a fait éprouver à tous un égal enthousiasme. Le même sujet est partagé en trois pièces différentes : le Camp de Walstein, qui est la première des trois représente les effets de la guerre sur la masse du peuple et de l’armée ; la seconde (les Piccolomini) montre les causes politiques qui préparèrent les dissensions entre les chefs ; et la troisième, la Catastrophe, est le résultat de l’enthousiasme et de l’envie que la réputation de Walstein avoit excités.

J’ai vu jouer le prologue, intitulé le Camp de Walstein ; on se croyoit au milieu d’une armée, et d’une armée de partisans bien plus vive et bien moins disciplinée que des troupes réglées. Les paysans, les recrues, les vivandières, les soldats, tout concouroit à l’effet de ce spectacle ; l’impression qu’il produit est si guerrière, que