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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

Walstein[1], sa harangue après la révolte, son monologue avant sa mort, etc. Toutefois la con-

  1. Il est pour les mortels, des jours mystérieux,
    Où, des liens du corps notre âme dégagée,
    Au sein de l’avenir est tout à coup plongée,
    Et saisit, je ne sais par quel heureux effort,
    Le droit inattendu d’interroger le sort.
    La nuit qui précéda la sanglante journée
    Qui du héros du nord trancha la destinée,
    Je veillois au milieu des guerriers endormis.
    Un trouble involontaire agitoit mes esprits.
    Je parcourus le camp. On voyoit dans la plaine
    Briller des feux lointains la lumière incertaine.
    Les appels de la garde et les pas des chevaux
    Troubloient seuls, d’un bruit sourd, l’universel repos.
    Le vent qui gémissoit à travers les vallées
    Agitoit lentement nos tentes ébranlées.
    Les astres, à regret perçant l’obscurité,
    Versoient sur nos drapeaux une pâle clarté.
    Que de mortels, me dis-je, à ma voix obéissent !
    Qu’avec empressement sous mon ordre ils fléchissent !
    Ils ont, sur mes succès, placé tout leur espoir.
    Mais si le sort jaloux m’arrachoit le pouvoir,
    Que bientôt je verrois s’évanouir leur zèle !
    En est-il un du moins qui me restât fidèle !
    Ah ! s’il en est nn seul, je t’invoque. Ô destin !
    Daigne me l’indiquer par un signe certain.

    Walstein, par M. Benjamin-Constant de
    Rebecque, acte II, scène i, page 43.