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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

institué par Élizabeth est au moment de prononcer sur le sort de l’infortunée reine d’Ecosse. La nourrice de Marie se plaint au commandant de la forteresse des traitements qu’il fait endurer à sa prisonnière. Le commandant, vivement attaché à la reine Élizabeth, parle de Marie avec une sévérité cruelle : on voit que c’est un honnête homme, mais qui juge Marie comme ses ennemis l’ont jugée : il annonce sa mort prochaine, et cette mort lui paroit juste, parce qu’il croit qu’elle a conspiré contre Élizabeth.

J’ai déjà eu l’occasion de parler, à propos de Walstein, du grand avantage des expositions en mouvement. On a essayé les prologues, les chœurs, les confidents, tous les moyens possibles pour expliquer sans ennuyer ; et il me semble que le mieux c’est d’entrer d’abord dans l’action, et de faire connoître le principal personnage par l’effet qu’il produit sur ceux qui l’environnent. C’est apprendre au spectateur de quel point de vue il doit regarder ce qui va se passer devant lui ; c’est le lui apprendre sans le lui dire : car un seul mot qui paroit prononcé pour le public dans une pièce de théâtre en détruit l’illusion. Quand Marie Stuart arrive, on est déjà curieux et ému ; on la connoît, non par un portrait, mais