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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

son génie politique. Ce seroit peut-être une perfection de plus dans Schiller que d avoir eu l’art de rendre Élizabeth moins odieuse, sans diminuer l’intérêt pour Marie Stuart : car il y a plus de vrai talent dans les contrastes nuancés que dans les oppositions extrêmes, et la figure principale elle-même gagne à ce qu’aucun des personnages du tableau dramatique ne lui soit sacrifié.

Leicester conjure Élizabeth de voir Marie ; il lui propose de s’arrêter au milieu d’une chasse dans le jardin du château de Fotheringay, et de permettre à Marie de s’y promener. Élizabeth y consent, et le troisième acte commence par la joie touchante de Marie, en respirant l’air libre après dix-neuf ans de prison : tous les dangers qu’elle court ont disparu à ses yeux ; en vain sa nourrice cherche à les lui rappeler pour modérer ses transports, Marie a tout oublié en retrouvant le soleil et la nature. Elle ressent le bonheur de l’enfance à l’aspect, nouveau pour elle, des fleurs, des arbres, des oiseaux ; et l’ineffable impression de ces merveilles extérieures, quand on en a été long-temps séparé, se peint dans l’émotion enivrante de l’infortunée prisonnière.

Le souvenir de la France vient la charmer.