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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

qu’une partie quelconque ne sauroit être comprise sans des connoissances universelles, et que depuis le moindre phénomène jusqu’au plus grand, rien ne peut être savamment examiné ou poétiquement dépeint sans cette hauteur d’esprit qui fait voir l’ensemble en décrivant les détails.

Montesquieu dit que l’esprit consiste a connoître la ressemblance des choses diverses et la différence des choses semblables. S’il pouvoit exister une théorie qui apprit à devenir un homme d’esprit, ce seroit celle de l’entendement telle que les Allemands la conçoivent ; il n’en est pas de plus favorable aux rapprochements ingénieux entre les objets extérieurs et les facultés de l’esprit ce sont les divers rayons d’un même centre. La plupart des axiomes physiques correspondent à des vérités morales, et la philosophie universelle présente de mille manières la nature toujours une et toujours variée, qui se réfléchit toute entière dans chacun de ses ouvrages et fait porter au brin d’herbe comme au cèdre l’empreinte de l’univers.

Cette philosophie donne un attrait singulier pour tous les genres d’étude. Les découvertes qu’on fait en soi-même sont toujours intéres-