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DU PRINCIPE DE LA MORALE, etc.

nerve, qui faisoit pencher la balance lorsque les voix éloient partagées dans l’aréopage. Les opinions les plus opposées n’ont-elles pas des faits pour appui ? Le pour et le contre ne seroient-ils pas également vrais si la conscience ne portoit pas en elle la suprême certitude ?

L’homme placé entre des arguments visibles et presque égaux que lui adressent en faveur du bien et du mal les circonstances de la vie, l’homme a reçu du ciel pour se décider le sentiment du devoir. Kant cherche à démontrer que ce sentiment est la condition nécessaire de notre être moral, la vérité qui a précédé toutes celles dont on acquiert la connoissance par la vie. Peut-on nier que la conscience n’ait bien plus de dignité quand on la croit une puissance innée, que quand on voit en elle une faculté acquise comme toutes les autres par l’expérience et l’habitude ? et c’est en cela surtout que la métaphysique idéaliste exerce une grande influence sur la conduite morale de l’homme : elle attribue la même force primitive à la notion du devoir qu’à celle de l’espace et du temps, et les considérant toutes deux comme inhérentes à notre nature, elle n’admet pas plus de doute sur l’une que sur l’autre.