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DE LA MORALE SCIENTIFIQUE.

arbitraire, ni tout-à-fait fixé : aussi l’une des merveilles de la religion est-elle de réunir au même degré l’élan de l’amour et la soumission à la loi ; le cœur de l’homme est ainsi tout à la fois satisfait et dirigé.

Je ne rendrai point compte ici de tous les systèmes de morale scientifique qui ont été publiés en Allemagne il en est de tellement subtils, que, bien qu’ils traitent de notre propre nature, on ne sait sur quoi s’appuyer pour les concevoir. Les philosophes français ont rendu la morale singulièrement aride en rapportant tout à l’intérêt personnel. Quelques métaphysiciens allemands sont arrivés au même résultat, en fondant néanmoins toute leur doctrine sur les sacrifices. Ni les systèmes matérialistes, ni les systèmes abstraits ne peuvent donner une idée complète de la vertu.