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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

CHAPITRE XIX.

De l’amour dans le mariage.


C’est dans le mariage que la sensibilité est un devoir : dans toute autre relation la vertu peut suffire ; mais dans celle où les destinées sont entrelacées, où la même impulsion sert pour ainsi dire aux battements de deux cœurs, il semble qu’une affection profonde est presque un lien nécessaire. La légèreté des mœurs a introduit tant de chagrins entre les époux, que les moralistes du dernier siècle s’étoient accoutumés à rapporter toutes les jouissances du cœur à l’amour paternel et maternel, et finissoient presque par ne considérer le mariage que comme la condition requise pour jouir d’avoir des enfants. Cela est faux en morale, et plus faux encore en bonheur.

Il est si aisé d’être bon pour ses enfants, qu’on