Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
271
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES, etc.

peut trouver dans une des merveilles de l’univers celle qui parle le plus puissamment à son âmet l’un admire la divinité dans les traits d’un père, l’autre dans l’innocence d’un enfant, l’autre dans le céleste regard des vierges de Raphaël, dans lat musique, dans la poésie, dans la nature, n’importe : car tous s’entendent, si tous sont animés par le principe religieux, génie du monde et de chaque homme.

Des esprits supérieurs ont élevé des doutes sur tel ou tel dogme ; et c’étoit un grand malheur que la subtilité de la dialectique ou les prétentions de l’amour-propre pussent troubler et refroidir le sentiment de la foi. Souvent aussi la réflexion se trouvoit à l’étroit dans ces religions intolérantes dont on avoit pour ainsi dire un code pénal, et qui donnoient à la théologie toutes les formes d’un gouvernement despotique ; mais qu’il est sublime ce culte qui nous fait pressentir une jouissance céleste dans l’inspiration du génie comme dans la vertu la plus obscure ; dans les affections les plus tendres comme dans les peines les plus amères ; dans la tempête comme dans les beaux jours ; dans la fleur comme dans le chêne ; dans tout, hors le calcul, hors le froid mortel de l’égoïsme qui nous sépare de la nature bienfai-