Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
DU PROTESTANTISME.

je m’arrêtai le soir à Meissen, petite ville placée sur une hauteur au-dessus de la rivière, et dont l’église renferme des tombeaux consacrés à d’illustres souvenirs. Je me promenois sur l’esplanade, et je me laissois aller a cette rêverie que le coucher du soleil, l’aspect lointain du paysage et le bruit de l’onde qui coule au fond de la vallée, excitent si facilement dans notre âme ; j’entendis alors les voix de quelques hommes du peuple, et je craignois d’écouter des paroles vulgaires, telles qu’on en chante ailleurs dans les rues. Quel fut mon étonnement, lorsque je compris le refrain de leur chanson : Ils se sont aimés et ils sont morts avec l’espoir de se retrouver un jour ! Heureux pays que celui où de tels sentiments sont populaires, et répandent jusque dans l’air qu’on respire je ne sais quelle fraternité religieuse dont l’amour pour le ciel et la pitié pour l’homme sont le touchant lien.