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DU CATHOLICISME.

idées. Dans les pays où la religion catholique régnoit seule, tels que la France et l’Italie, on a su la réunir à la littérature et aux, beaux-arts ; mais en Allemagne, où les protestants se sont emparés, par les universités et par leur tendance naturelle, de tout ce qui tient aux études littéraires et philosophiques, les catholiques se sont crus obligés de leur opposer un certain genre de réserve qui éteint presque tout moyen de se distinguer dans la carrière de l’imagination et de la pensée. La musique est le seul des beaux-arts porté dans le midi de l’Allemagne à un plus haut degré de perfection que dans le nord, à moins que l’on ne compte comme l’un des beaux-arts un certain genre de vie commode dont les jouissances s’accordent assez bien avec le repos de l’esprit.

Il y a parmi les catholiques, en Allemagne, une piété sincère, tranquille et charitable, mais il n’y a point de prédicateurs célèbres, ni d’écrivains religieux à citer, rien n’y excite le mouvement de l’âme ; l’on y prend la religion comme une chose de fait où l’enthousiasme n’a point de part, et l’on diroit que dans un culte si bien consolidé l’autre vie elle-même devient une vérité positive sur laquelle on n’exerce plus la pensée.

La révolution qui s’est faite dans les esprits