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DE L’ESPRIT DE SECTE

Le fanatisme des idées a quelquefois conduit, il est vrai, à des actions violentes, mais c’est presque toujours parce qu’on a recherché les avantages de ce monde à l’aide des opinions abstraites. Les systèmes métaphysiques sont peu redoutables en eux-mêmes, ils ne le deviennent que quand ils sont réunis à des intérêts d’ambition, et c’est alors de ces intérêts dont il faut s’occuper si l’on veut modifier les systèmes ; mais les hommes capables de s’attacher vivement à une opinion indépendamment des résultats qu’elle peut avoir sont toujours d’une noble nature.

Les sectes philosophiques et religieusès qui, sous divers noms, ont existé en Allemagne, n’ont presque point eu de rapport avec les affaires politiques, et le genre de talent nécessaire pour entraîner les hommes à des résolutions vigoureuses s’est rarement manifesté dans ce pays. On peut se disputer sur la philosophie de Kant, sur les questions théologiques, sur l’idéalisme du l’empirisme, sans qu’il en résulte jamais rien que des livres.

L’esprit de secte et l’esprit de parti diffèrent à beaucoup d’égards ; l’esprit de parti présente les opinions par ce qu’elles ont de saillant pour les laire comprendre au vulgaire ; et l’esprit de secte,