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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

Enfin quand elle arrive la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l’affoiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s’obseurcit, cette foule de sentiments et d’idées qui habitoient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change eu fantôme avant de s’évanouir, tout cela fait mal, et l’homme vulgaire paroît, quand il expire, avoir moins à mourir ! Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant ; nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions qui s’enchaînoient avec clarté erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre, il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie nous avions senti que notre cœur étoit impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel.

[1] « Oh, France ! terre de gloire et d’amour !

  1. Cette dernière phrase est celle qui a excité le plus