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DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE.

de la nature est contradictoire, l’on y voit les emblèmes du bien et du mal presque en égale proportion ; et il en est ainsi pour que l’homme puisse exercer sa liberté entre des probabilités opposées, entre des craintes et des espérances à peu près de même force. Le ciel étoilé nous apparoît comme les parvis de la divinité ; mais tous les maux et tous les vices des hommes obscurcissent ces feux célestes. Une seule voix sans parole, mais non pas sans harmonie, sans force, mais irrésistible, proclame un Dieu au fond de notre cœur : tout ce qui est vraiment beau dans l’homme naît de ce qu’il éprouve intérieurementet spontanément : toute action héroïque est inspirée par la liberté morale ; l’acte de se dévouer à la volonté divine, cet acte que toutes les sensations combattent et que l’enthousiasme seul inspire, est si noble et si pur, que les anges eux-mêmes, vertueux par nature et sans obstacle, pourroient l’envier à l’homme.

La métaphysique, qui déplace le centre de la vie, en supposant que son impulsion vient du dehors, dépouille l’homme de sa liberté et se détruit elle-même ; car il n’y a plus de nature spirituelle dès qu’on l’unit tellement à la nature physique, que ce n’est plus que par respect humain