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DE LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE.

n’en est pas moins vrai que les ouvrages composés dans le dix-septième siècle sont plus philosophiques, à beaucoup d’égards, que ceux qui ont été publiés depuis ; car la philosophie consiste surtout dans l’étude et la connoissance de notre être intellectuel.

Les philosophes du dix-huitième siècle se sont plus occupés de la politique sociale que de la nature primitive de l’homme ; les philosophes du dix-septième, par cela seul qu’ils étoient religieux, en savoient plus sur le fond du cœur. Les philosophes, pendant le déclin de la monarchie française, ont excité la pensée au dehors, accoutumés qu’ils étoient à s’en servir comme d une arme ; les philosophes, sous l’empire de Louis XIV, se sont attachés davantage à la métaphysique idéaliste, parce que le recueillement leur étoit plus habituel et plus nécessaire. Il faudroit, pour que le génie français atteignît au plus haut degré de perfection, apprendre des écrivains du dix-huitième siècle à tirer parti de ses facultés, et des écrivains du dix-septième à en connoitre la source.

Descartes, Pascal et Malebranche ont beaucoup plus de rapport avec les philosophes allemands que les écrivains du dix-huitième siècle ;