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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

tème étoit de se faire considérer, à dater du 6 octobre, comme en état de captivité ; et ce fut seulement pour obéir à ses scrupules religieux qu’il ne voulut pas dans la suite apposer son nom aux décrets qui proscrivoient les prêtres soumis à la puissance du pape.

M. Necker, au contraire, désiroit que le roi fît un usage sincère et constant de sa prérogative ; il lui représentoit que, s’il reprenoit un jour toute sa puissance, il seroit toujours le maître de déclarer qu’il avoit été prisonnier depuis son arrivée à Paris ; mais que s’il ne la reprenoit pas, il perdroit de sa considération, et surtout de sa force dans la nation, en ne faisant pas usage de son veto pour arrêter les décrets inconsidérés de l’assemblée, décrets dont elle se repentoit souvent, dès que la fièvre de la popularité étoit apaisée. L’objet important pour la nation françoise, comme pour toutes les nations du monde, c’est que le mérite, les talens et les services puissent élever aux premiers rangs de l’état. Mais vouloir organiser la France d’après les principes de l’égalité abstraite, c’étoit se priver d’un ressort d’émulation si analogue au caractère des François, que Napoléon, qui s’en est saisi à sa manière, les a dominés surtout par là.