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CONSIDÉRATIONS

naires publics ne prêtent serment qu’à lui. Mais vaut-il la peine de raisonner, quand tout le but des adversaires est d’avoir des mots pour cacher leur pensée ?

L’institution de la noblesse créée par Bonaparte n’étoit vraiment bonne qu’à montrer le ridicule de cette multitude de titres sans réalité, auxquels une vanité puérile peut seule attacher de l’importance. Dans la pairie, le fils aîné hérite des titres et des droits de son père ; mais le reste de la famille doit rentrer dans la classe des citoyens ; et, comme nous n’avons cessé de le répéter, ce n’est point une noblesse de race, mais une magistrature héréditaire, à laquelle sont attachés les honneurs, à cause de l’utilité dont les pairs sont à la chose publique, et non en conséquence de l’héritage de la conquête, héritage qui constitue la noblesse féodale. Les anoblissemens que le chancelier de France envoyoit de toutes parts, en 1814, portoient nécessairement atteinte aux principes de la liberté politique. Car, que signifie anoblir, si ce n’est déclarer que le tiers état, c’est-à-dire, la nation, est roturière, qu’il n’est pas honorable d’être simple citoyen, et qu’il faut relever de cet abaissement les individus qui ont mérité d’en sortir ? Or, ces individus, d’ordinaire, c’é-