toient ceux qu’on savoit enclins à sacrifier les droits de la nation aux priviléges de la noblesse. Le goût des priviléges, dans ceux qui les possèdent en vertu de leur naissance, a du moins quelque grandeur ; mais qu’y a-t-il de plus subalterne que ces hommes du tiers état, s’offrant pour servir de marchepied à ceux qui veulent monter sur leurs têtes ?
Les lettres de noblesse datent en France de Philippe le Hardi : elles avoient pour but principal l’exemption des impôts que le tiers état payoit seul. Mais les anciens nobles de France ne regardoient jamais comme leurs égaux ceux qui n’étoient point nobles d’origine ; et, à cet égard, ils avoient raison ; car la noblesse perd tout son empire sur l’imagination, dès qu’elle ne remonte pas dans la nuit des temps. Ainsi donc, sur le terrain de la liberté comme sur celui de l’aristocratie, les lettres de noblesse sont également à rejeter. Écoutons ce qu’en dit l’abbé de Velly, historien très-sage, et reconnu pour tel, non-seulement par l’opinion publique, mais par les censeurs royaux de son temps[1]. « Ce qu’il y a de plus remarquable dans les lettres d’anoblissement, est qu’elles
- ↑ Velly, tome III, pag. 424.