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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

extraordinaires, encore a-t-il cherché, dans les différentes circonstances où il s’est trouvé, à captiver l’opinion du moment, à séduire les passions du peuple, lorsqu’il vouloit l’asservir.

Le maréchal Soult ne s’aperçut pas que l’armée de Louis XVIII devoit être conduite par de tout autres principes que celle de Napoléon ; il falloit la détacher par degrés de ce besoin de la guerre, de cette frénésie de conquêtes avec laquelle on avoit obtenu tant de succès militaires, et fait un mal si cruel au monde. Mais le respect de la loi, le sentiment de la liberté, pouvoient seuls opérer ce changement. Le maréchal Soult, au contraire, croyoit que le despotisme étoit le secret de tout. Trop de gens se persuadent qu’ils seront obéis comme Bonaparte, en exilant les uns, en destituant les autres, en frappant du pied, en fronçant le sourcil, en répondant avec hauteur à ceux qui s’adressent respectueusement à eux ; enfin, en pratiquant tous ces arts de l’impertinence que les gens en place apprennent en vingt-quatre heures, mais dont ils se repentent souvent toute leur vie.

La volonté du maréchal échoua contre les obstacles sans nombre dont il n’avoit pas la moindre idée. Je suis persuadée que c’est sans fonde-