qui depuis vingt ans, avoit combattu pour la cause opposée à la leur ; c’étoit désavouer toute sa vie passée, et cette abjuration cependant charma beaucoup de royalistes. Mais en quoi consiste la force d’un général, dès l’instant qu’il perd la faveur de ses compagnons d’armes ? Quand on oblige un homme du parti populaire à sacrifier sa popularité, il n’est plus bon à rien au nouveau parti qu’il embrasse. Les royalistes persévérans inspireront toujours plus d’estime que les bonapartistes convertis.
On croyoit captiver l’armée, en nommant le maréchal Soult ministre de la guerre ; on se trompoit : la grande erreur des personnes élevées dans l’ancien régime, c’est d’attacher une trop grande importance aux chefs en tout genre. Les masses sont tout aujourd’hui, les individus peu de chose. Si les maréchaux perdent la confiance de l’armée, il se présente aussitôt des généraux non moins habiles que leurs supérieurs ; ces généraux sont-ils renversés à leur tour, il se trouve des soldats capables de les remplacer. L’on en peut dire autant dans la carrière civile : ce ne sont pas les hommes, mais les systèmes qui ébranlent ou qui garantissent le pouvoir. Napoléon, je l’avoue, est une exception à cette vérité ; mais, outre que ses talens sont