Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, ne vouloit encore rien de plus qu’un bon ministre : elle s’étoit successivement attachée à M. Turgot, à M. de Malesherbes, et particulièrement à M. Necker, parce qu’il avoit plus de talent que les deux autres pour les choses positives. Mais, lorsque les François virent que, même sous un roi aussi vertueux que Louis XVI,

    adressée à un souverain d’Allemagne, par le baron de Grimm et par Diderot. (Tome V, page 297, mai 1781.)

    « Ce n’est que le dimanche matin, de ce mois, que l’on fut instruit, à Paris, de la démission donnée la veille par M. Necker : on y avoit été préparé, depuis long-temps par les bruits de la ville et de la cour, par l’impunité des libelles les plus injurieux, et par l’espèce de protection accordée à ceux qui avoient eu le front de les avouer, par toutes les démarches ouvertes et cachées d’un parti puissant et redoutable. Cependant l’on eût dit, à voir l’étonnement universel, que jamais nouvelle n’avoit été plus imprévue : la consternation étoit peinte sur tous les visages ; ceux qui éprouvoient un sentiment contraire étoient en trop petit nombre ; ils auroient rougi de le montrer. Les promenades, les cafés, tous les lieux publics étoient remplis de monde ; mais il régnoit un silence extraordinaire. On se regardoit, on se serroit tristement la main, je dirois comme à la vue d’une calamité publique, si ces premiers momens de trouble n’eussent ressemblé davantage à la douleur d’une famille désolée, qui vient de perdre l’objet et le soutien de ses espérances.
    « On donnoit, ce même soir, à la Comédie Françoise, une représentation de la Partie de chasse de Henri IV. J’ai vu