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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/122

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et la paix étoit signée. Que d’améliorations M. Necker n’auroit-il pas faites dans une position si avantageuse ! Mais il étoit dans l’esprit des magistrats, ou plutôt du corps dont ils faisoient partie, de n’admettre aucun progrès en aucun genre.

Les représentans du peuple, chaque année, et surtout à chaque élection, sont éclairés par les lumières qui se développent de toutes parts ; mais le parlement de Paris étoit et seroit resté constamment étranger à toute idée nouvelle. La raison en est fort simple : un corps privilégié, quel qu’il soit, ne peut tenir sa patente que de l’histoire ; il n’a de force actuelle que parce qu’il a existé autrefois. Nécessairement donc il s’attache au passé, et redoute les innovations. Il n’en est pas de même des députés, qui participent à la force renouvelée de la nation qu’ils représentent.

Le choix des parlementaires n’ayant pas réussi, il ne restoit que la classe des intendans, c’est-à-dire, des administrateurs de province, nommés par le roi. M. Senac de Meilhan, écrivain superficiel, qui n’avoit de profondeur que dans l’amour-propre, ne pouvoit pardonner à M. Necker d’avoir été appelé à sa place, car il considéroit le ministère comme son droit ; mais