Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/131

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déclin d’un gouvernement quelconque, car sa foiblesse lui donne l’apparence de la douceur mais la chute qui s’ensuit est terrible.

Loin que l’exil de M. Necker disposât les notables en faveur de M. de Calonne, ils s’en irritèrent, et l’assemblée fut plus opposée que jamais a tous les plans proposés par le ministre des finances. Les impôts auxquels il vouloit qu’on eût recours, avoient toujours pour base l’abolition des privilèges pécuniaires. Mais, comme ils étoient, dit-on, très-mal combinés, l’assemblée des notables les rejeta sous ce prétexte. Cette assemblée presque en entier composée de nobles et de prélats, n’étoit certainement pas, à quelques exceptions près, de l’avis d’établir l’égale répartition des taxes ; mais elle se garda bien d’exprimer son désir secret à cet égard et, se mêlant à ceux dont les opinions étoient purement libérales, elle fit corps avec la nation, qui craignoit tous les impôts de quelle nature qu’ils fussent.

La défaveur publique dont M. de Calonne étoit l’objet, devenoit si vive, et la présence des notables donnoit à cette défaveur des organes si imposans, que le roi se vit contraint, non-seulement à renvoyer M. de Calonne, mais même à le punir. Quels que fussent les