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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/133

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couvert une plus pauvre tête ; il se rendit d’abord justice à lui-même, et voulut refuser la place qu’il étoit incapable de remplir ; mais on insista tellement sur son acceptation qu’à l’age de soixante ans qu’il avoit, il crut-que sa modestie lui avoit dérobé jusqu’alors la connoissance de son propre mérite, et que la cour venoit enfin de le découvrir. Ainsi les partisans de M. Necker et de l’archevêque de Toulouse remplirent momentanément le fauteuil du ministère, comme on fait occuper les places dans les loges avant que les maîtres soient arrivés. Chacun des deux partis se flatta de gagner du temps, pour assurer le ministère à l’un des deux adversaires entre lesquels les chances’étaient partagée.

Il existoit peut-être encore des moyens de sauver l’état d’une révolution, ou du moins le gouvernement pouvoit tenir les rênes des événemens. Les états généraux n’étoient pas encore promis ; les anciennes traces de la routine n’étoient point franchies ; peut-être que le roi, aidé de la grande popularité de M. Necker, auroit pu encore opérer les réformes nécessaires pour rétablir l’ordre dans les finances. Or, ces finances, qui se lioient au crédit public et à l’inftuence des parlemens, étoient, pour ainsi