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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE X.

Suite du précédent. – Ministère de l’archevêque de
Toulouse.

M. de Brienne archevêque de Toulouse, n’avoit guère plus de sérieux réel dans l’esprit que M. de Calonne ; mais sa dignité de prêtre, jointe au désir constant d’arriver au ministère, lui avoit donné l’extérieur réfléchi d’un homme d’état, et il en avoit la réputation avant d’avoir été mis a portée de la démentir. Depuis quinze ans, il travailloit, par le crédit des subalternes, à se faire estimer de la reine ; mais le roi, qui n’aimoit pas les prêtres philosophes, s’étoit refusé constamment à le nommer ministre. Enfin il céda, car Louis XVI n’avoit pas de confiance en lui-même ; il n’est point d’homme qui eut été plus heureux d’être né roi d’Angleterre, c’est-à-dire de pouvoir connoître le vœu national avec certitude, pour se décider d’après cette infaillible lumière.

L’archevêque de Toulouse n’étoit ni assez éclairé pour être philosophe, ni assez ferme pour être despote ; il admirait tour à tour la