Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/147

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un second ordre du clergé, et encore plus, un troisième du peuple ; il s’indigne de ce que les rois de France se sont arrogé le droit de donner des lettres de noblesse, qu’il appelle avec raison des affranchissemens ; car, en effet, l’anoblissement est une tache d’après les principes de la noblesse, et, d’après ceux de la liberté, ces mêmes lettres sont une offense. Enfin, M. de Boulainvilliers est un aristocrate tel qu’il faut l’être, c’est-à-dire, sans mélange de l’esprit de courtisan, le plus avilissant de tous. Il croit que la nation se réduit aux nobles, et que, sur vingt-quatre millions d’hommes et plus, il n’y a que cent mille descendans des Francs ; car il supprime avec raison dans son système, les familles d’anoblis et le clergé du second ordre : et ces descendans des Francs étant les vainqueurs, et les Gaulois les vaincus, ils sont les seuls qui puissent participer à la direction des affaires publiques. Les citoyens d’un état doivent avoir part à la confections des lois et à leur garantie ; mais s’il n’y a que cent mille citoyens d’un état, il n’y a qu’eux qui aient ce droit politique. La question toutefois est de savoir si les vingt-trois millions neuf cent mille âmes qui composent maintenant le tiers état en France, ne sont en effet et ne veulent être que