Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
CONSIDÉRATIONS

plus importantes que ne l’étaient celles des François. Le clergé en Angleterre n’existant pas comme un ordre politique à part, les nobles et les évêques réunis, qui ne composaient tout au plus que la moitié de la représentation nationale, ont toujours eu beaucoup plus de respect pour le peuple qu’en France. Le grand malheur de ce pays, et de tous ceux que les cours seules gouvernent, c’est d’être dominés par la vanité. Aucun principe fixe ne s’établit dans aucune tête, et l’on ne songe qu’aux moyens d’acquérir du pouvoir, puisqu’il est tout dans un état où les lois ne sont rien.

En Angleterre, le parlement renfermoit en lui seul le pouvoir législatif des états généraux et des parlemens de France. Le parlement anglais étoit censé permanent ; mais, comme il avoit peu de fonctions judiciaires habituelles, les rois le renvoyaient, et retardaient sa convocation le plus qu’ils pouvaient. En France, la lutte de la nation et de l’autorité royale a pris une autre forme : ce sont les parlemens, faisant fonction de cours judiciaires, qui ont résisté au pouvoir des ministres, plus constamment et plus énergiquement que les états généraux ; mais leurs privilèges étant confus, il en est résulté que tantôt les rois ont été