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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tution de France, et finit par dire, en présence de Louis XVIII, que la constitution d’Angleterre est la plus parfaite de l’univers. Si tous les partisans de l’ancien régime avaient énoncé de tels principes, c’est alors que la révolution n’auroit point eu d’excuse, puisqu’elle eût été tout-à-fait inutile. Mais du propre aveu de M. de Monthion[1], s’adressant solennellement au roi, voici le tableau des abus existans en France dans les temps qui ont précédé la révolution.

« D’abord le droit de citoyen le plus essentiel, le droit du suffrage sur les lois et sur les impôts, étoit tombé dans une espèce de désuétude, et la puissance royale étoit dans l’usage d’ordonner seule ce qu’elle ne pouvoit ordonner qu’avec le concours des représentants de la nation.

« Ce droit, essentiellement appartenant à la nation, sembloit transporté aux tribunaux ; et encore la liberté de leurs suffrages avoit été enfreinte par des lits de justice, et par des emprisonnements arbitraires.

« Les lois, les règlements, les décisions générales du roi, qui devoient être délibérés

  1. Éditions de londres, p. 154