CHAPITRE XII.
Du rappel de M. Necker en 1788.
SI M. Necker, en sa qualité de ministre, avoit proposé la convocation des états généraux, on auroit pu l’accuser d’avoir trahi son devoir, puisqu’il est convenu, dans la doctrine d’un certain parti, que le pouvoir absolu des rois est une chose sacrée. Mais, quand l’opinion publique força la cour à renvoyer l’archevêque de Sens et à rappeler M. Necker, les états généraux étoient solennellement promis ; les nobles, le clergé et le parlement avoient sollicité cette promesse ; la nation l’avoit reçue ; et telle étoit la puissance de l’opinion universelle sur ce point, qu’aucune force militaire ni civile ne se seroit prêtée alors à la combattre. Je consigne cette assertion à l’histoire ; si elle diminue le mérite de M. Necker, en reconnoissant qu’il n’a pas donné les états généraux, elle place la responsabilité des événemens de la révolution là où elle doit être. Car se pouvoit-il qu’un homme tel que M. Necker vint proposer à un monarque vertueux, à Louis XVI, de rétracter