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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’action, la conservation et le renouvellement, dans la marche de la nature. Si vous introduisez dans l’organisation politique un quatrième pouvoir, le clergé, qui est tout ou rien, suivant la façon dont on le considère, vous ne pouvez plus établir aucun raisonnement fixe sur les lois nécessaires au bien de l’état, puisqu’on vous met pour entraves des autorités mystérieuses, là où vous ne devez admettre que des intérêts publics.

Deux grands dangers, la banqueroute et la famine, menaçoient la France au moment de la convocation des états généraux, et tous les deux exigeoient des ressources promptes. Comment pouvoit-on prendre aucune résolution rapide avec le veto de chaque ordre ? Les deux premiers ne vouloient pas consentir sans condition à l’égalité des impôts, et cependant la nation demandait que ce moyen fût employé avant tout autre, pour rétablir les finances. Les privilégiés avoient dit qu’ils accéderoient à cette égalité, mais ils ne l’avoient point encore formellement décrété, et ils étoient toujours les maîtres de décider ce qui les concernait d’après l’ancienne manière de délibérer. Ainsi la masse de la nation n’avait point d’influence décisive, quoique la plus grande partie des