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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/221

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE XIX.

Des moyens qu’avoit le roi, en 1789, pour s’opposer à la
révolution.

LA véritable opinion publique, celle qui plane au-dessus des factions, est la même depuis vingt-sept ans en France ; et toute autre direction, étant factice, ne sauroit avoir qu’une influence momentanée.

L’on ne pensoit point dans ce temps à renverser le trône, mais on ne vouloit pas que la loi fût faite par ceux qui dévoient l’exécuter car ce n’est pas dans les mains du roi, mais dans celles de ses ministres, que l’autorité des anciens gouvernemens arbitraires est remise. Les François ne se soumettoient pas volontiers alors à la singulière humilité qu’on prétend exiger d’eux maintenant, celle de se croire indignes d’influer, comme les Anglois, sur leur propre sort. Que pouvoit-on objecter à ces vœux presque universels de la France, et jusqu’à quel point un roi consciencieux devoit-il s’y refuser ? Pourquoi se charger à lui seul de la responsabilité de l’état, et pourquoi les lu-